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Chine : Vers une fracture sociale ?

© Chine Informations - La Rédaction, Le 28/08/2013 04:25

De nombreux indices font craindre une fracture sociale imminente en Chine qui menacerait la stabilité interne du pays. Les chiffres sont alarmants puisque selon le "rapport d'étude des incidents de masse 2012 en Chine", on estime à plus de 80 000 par an, le nombre de mouvements sociaux, de manifestations, et d'émeutes qui y sont organisés.

(miniature) Chine : Vers une fracture sociale ? Chine : Vers une fracture sociale ?
Manifestation anti-japonaise en 2012, Chine.

A Tourfan, au nord est de la Chine, dans la matinée du 26 juin 2013, des hommes armés de couteaux ont attaqué des postes de police et des bâtiments du gouvernement dans la ville de Lukqun, dans une région à majorité musulmane. Elle est particulièrement connue pour être le théâtre incessant de conflits ethniques entre les Hans et les Ouigours. Cette escalade de violences fait état de 27 morts dont 9 policiers, 8 civils et 10 émeutiers et symbolisent bien les difficultés que rencontrent la 2ème puissance économique mondiale a géré la situation de crise.

Il n'y a pas de doute, le malaise social est bien présent. A l'instar des évènements qui se sont déroulés dans le nord-est de la Chine où un groupe de manifestants exigeait une enquête minutieuse sur les circonstances réelles d'un incendie qui a ravagé un abattoir de volailles et tué 120 employés. Ils ont voulu démontrer leur mécontentement afin d'exiger que des contrôles plus sévères soient effectués dans les entreprises chinoises en matière de sécurité et de respect des droits des salariés. Les employés se plaignaient des conditions de travail peu favorables et d'un manque de respect pour les droits de l'homme. L'autre constat alarmant sur ces manifestations est qu'ils dégénèrent rapidement et deviennent incontrôlables. En l'absence totale de médiation sociale, les forces de l'ordre font souvent usages de la force pour disperser les manifestants.

Les inquiétudes des dirigeants sur un éventuel soulèvement populaire ne datent pourtant pas d'hier. Au début des années 2000, des conflits ont opposés directement le patronat et les salariés, comme ce fut le cas dans la ville usine de Dongguan où les mingong appelés aussi "paysans ouvriers" devant le fait accompli, n'ont eu d'autres choix que de protester contre les maltraitances et l'exploitation qu'ils subissaient au quotidien.  Le salaire dérisoire des ouvriers atteint péniblement les 600 yuans pour 12 heures de travail, 7 jours sur 7, les syndicats libres qui sont interdits et les accidents du travail fréquents et souvent non prises en charge.

De manière générale, les inégalités sociales entre les villes et les campagnes, entre les riches et les pauvres se creusent et deviennent des risques de conflits importants.  Les inquiétudes des dirigeants sont bien fondés puisque la politique de lutte contre la "frugalité" visant à réduire les coûts de fonctionnement des Institutions de l'État, n'a pas eu le succès escompté. Les chinois considèrent en effet que cette démarche n'est pas suffisante à la vue des écarts qui se creusent notamment au niveau des revenus des ménages. Aujourd'hui les revenus urbains sont 2 à 3 fois supérieurs à ceux des ruraux. La répartition des richesses n'est pas respectée puisque la majorité des ressources est dirigée vers les villes au détriment des campagnes et des provinces intérieures, selon le Pr Li Shi de la Beijing Normal University. La Chine compte pourtant 800 millions d'agriculteurs qui sont en majorité, abandonnés à leur sort et une douzaine de millions de personnes vivrait en dessous du seuil de pauvreté. En 2013, le fameux coefficient de Gini (1) atteint 0.469 en Chine et continue de grimper.

La fracture sociale  pourrait aussi être provoquée par le taux de corruption très élevé, la censure et la pollution. Les chinois sont sensibles aux problèmes environnementaux et réclament plus de transparence quant aux actions du gouvernement. Les conséquences directes du développement économique ne sont pas souvent maîtrisés et provoquent des pics de pollution qui peuvent provoquer des dommages graves et irréversibles sur l'environnement écologique et sanitaire du pays. La corruption enfin est un fléau qui met à mal l'image des institutions administratives et politiques du pays et réduit la confiance des Chinois en leurs élus. L'abus de pouvoir est donc une pratique courante que le pouvoir en place a tenté de maîtriser tant bien que mal. La liberté d'expression connaît une nouvelle réforme grâce aux réseaux sociaux et à Internet qui permet aux chinois de s'exprimer, de critiquer ou de demander des comptes au gouvernement. Mais ce dernier a  mis en place des logiciels de surveillance pour limiter et garder un contrôle sur les citoyens.

Le gouvernement ainsi que les observateurs internationaux ont bien compris les enjeux. Le climat social se dégrade de plus en plus et un chantier gigantesque attend l'équipe dirigeante. La mise en oeuvre de solutions claires, concrètes et réalisables est donc plus que de rigueur. L'élaboration de nouvelles lois sur les conditions de travail, la revalorisation des salaires, le maintien de la croissance sont les seules et uniques solutions possibles pour maintenir la stabilité interne de la Chine. 

La Rédaction

(1) coefficient de Gini : Nombre variant entre 0 et 1, 0 étant l'égalité parfaite et 1 représentant une complète inégalité.

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