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LIENS COMMERCIAUX

Quand le château de Versailles et la Cité interdite se rencontrent (REPORTAGE)

© Chine Nouvelle (Xinhua) - Peng Mengyao,Zhang Baihui,Luo , Le 29/09/2023 13:11

Aux extrémités du continent eurasiatique se trouvent deux palais célèbres et splendides : le château de Versailles en France, vieux de 400 ans, et la Cité interdite à Beijing en Chine, vieille de 600 ans. Ils ont été témoins de plusieurs siècles d'échanges entre la France et la Chine et sont devenus de nos jours un lien qui contribue à l'approfondissement des relations entre les deux pays.

Lorsqu'on visite le château de Versailles, il n'est pas difficile de croiser du "style chinois" un peu partout : des vases en porcelaine dans le cabinet de garde-robe du roi, des laques sur les armoires, des services à thé dans les salons, des reliefs de personnages chinois sur les murs des salles de bain, des éventails tenus par les membres royaux dans les portraits...

Marie-Laure de Rochebrune, conservateur général du mobilier et des objets d'art au château de Versailles, explique que le château se distingue des autres musées, préserve les scènes de vie de l'époque et fait de son mieux pour restaurer l'emplacement historique des objets, au lieu de les classer et exposer par catégorie. Les éléments chinois dispersés dans différents coins démontrent bien leur intégration profonde dans la vie royale.

Louis XIV, le "Roi-Soleil", s'est intéressé à la Chine depuis toujours. En 1686, il a reçu à Versailles une délégation siamoise qui lui a offert de nombreux cadeaux, dont plusieurs objets d'art chinois, ce qui a suscité davantage de curiosité du roi pour la Chine. Le style chinois est devenu désormais la mode de la France à l'époque : l'aristocratie a décoré ses châteaux et manoirs avec des produits importés de Chine, les ont transformés en y intégrant parfois le goût français et les ont même imités en fabriquant des objets français à la chinoise.

Les oeuvres d'art chinoises ayant apporté une nouvelle expérience sensorielle aux Français de cette époque, l'art chinois a eu un impact sur l'art rococo français, indique Li Jun, ancien directeur de l'Ecole des sciences humaines à l'Académie centrale des beaux-arts de Chine. Cet échange s'est accompagné d'une exploration plus approfondie par certaines élites françaises de la civilisation chinoise, dont la quintessence telle que la philosophie chinoise a inspiré les Lumières françaises d'une certaine manière.

UN ECHANGE CULTUREL DANS LES DEUX SENS

En 1688, à la Cité interdite de Beijing, l'empereur Kangxi de la dynastie Qing a reçu une mission de jésuites français envoyée par Louis XIV.

Les jésuites ont apporté avec eux des instruments scientifiques occidentaux, ainsi que des connaissances en mathématiques, géographie, astronomie et médecine occidentales, qui ont énormément intéressé l'empereur.

Plus tard, ces jésuites ont servi à la cour chinoise en tant que peintres, médecins, etc. Deux d'entre eux, Joachim Bouvet et Jean-François Gerbillon, ont guéri l'empereur Kangxi du paludisme avec des médicaments occidentaux. Ils ont également traduit des ouvrages scientifiques tels que "Les Eléments de géométrie" et "Pharmacopée occidentale" en mandchou (l'une des langues officielles de la dynastie Qing), ce qui constitue un témoignage important de la transmission de la civilisation scientifique occidentale en Chine.

Les instruments scientifiques apportés par les jésuites français en Chine, ainsi que des instruments similaires reproduits par la cour chinoise, sont aujourd'hui conservés au Musée du Palais de la Cité interdite à Beijing. Ils constituent ensemble un trésor unique de la collection du musée, caractérisé par la fusion des cultures orientale et occidentale.

"Tout au long du XVIIIe siècle, il y a un vrai respect mutuel, il y a de l'admiration mutuelle. De même que les Français admirent la civilisation chinoise comme Voltaire, qui qualifie la civilisation chinoise d'ancienne et d'admirable. Mais aussi, par exemple, l'empereur de Chine : il admire aussi les connaissances scientifiques des pères jésuites français. Et donc ça marche dans les deux sens", note Mme de Rochebrune.

LE DIALOGUE REVEILLE LA MEMOIRE ET ORIENTE L'HISTOIRE VERS L'AVENIR

Au XXIe siècle, le château de Versailles et la Cité interdite ont organisé plusieurs expositions importantes pour mettre en lumière cette histoire d'échanges. En 2024, la France et la Chine célébreront le 60e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. Le château de Versailles et le Musée du Palais de la Cité interdite ont signé un accord pour coorganiser l'exposition "Le château de Versailles et la Cité interdite" au printemps de l'année prochaine.

"Ce sont deux lieux qui ont leurs propres richesses historiques, qui sont devenus les symboles de la culture de nos deux pays, qui représentent l'un et l'autre des lieux de pouvoir avec de grandes similitudes, de grandes différences aussi", indique Catherine Pégard, présidente de l'Etablissement public du château de Versailles.

"Comme vous le savez, nous fêtons les 400 ans du château de Versailles cette année. L'histoire du château de Versailles est un petit peu mêlée aux relations entre la France et la Chine", rappelle-t-elle. "Comme vous le savez aussi, c'est le général de Gaulle qui a reconnu diplomatiquement la Chine en 1964 (...) et c'est ici (à Versailles) qu'il a convaincu le président américain (Richard) Nixon de reconnaître à son tour la République populaire de Chine".

"Notre rôle, c'est qu'il n'y ait pas d'interruption dans le cours de l'histoire", assure la présidente.

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