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Superstitions traditionnelles chinoises

© Chine Informations - La Rédaction

(miniature) Superstitions traditionnelles chinoises Superstitions traditionnelles chinoises

Vaines observances et superstitions
Extrait de "Manuel des superstitions chinoises, ou Petit indicateur des superstitions les plus communes en Chine."
Par le P. Henri DORÉ, S. J. (1859-1931).
Diffusé par
chineancienne.fr sous license CC-by-nc-sa.

Sous ce titre rentre tout ce que nous avons déjà dit au sujet des pratiques superstitieuses relatives aux enfants, aux maladies, aux mariages, aux sépultures : nous n'y reviendrons pas. Citons‑en seulement quelques autres assez répandues.

L'usage du calendrier Hoang‑li.
Y recourir pour toutes les circonstances de la vie et s'y conformer : telle est l'habitude de beaucoup de familles païennes .

Fang cheng, délivrer de la mort des êtres vivants voués à une perte certaine.
Par exemple, acheter des poissons encore vivants qu'un pêcheur vient de prendre, et les jeter dans l'eau pour leur laisser la vie. Ainsi des païens vont au marché, achètent des carpes, des tortues encore vivantes et leur rendent la liberté. C'est une bonne oeuvre bouddhique très cotée.
Les carpes sont quelquefois, pense‑t‑on, des dragons, qui se promènent sous cette forme et deviennent la victime des pêcheurs. Pour obtenir succès aux examens, guérison d'une maladie, protection contre une calamité, une excellente pratique consiste à relâcher ainsi un être vivant voué à la mort.

Fang cheng tch'e (viviers).
On voit des bassins artificiels creusés devant les grandes pagodes ou dans les jardins des riches païens, pour y nourrir des tortues, des carpes ou crustacés rachetés de la mort par des bienfaiteurs bouddhistes. Il y a là, très souvent, plus qu'une question d'humanité : il y a une croy­ance religieuse à la métempsycose et au profit de cette bonne oeuvre pour l'autre monde, évitant une punition et acquérant des mérites qui seront récompensés par une bonne réincarnation.

Tch'e‑sou, tch'e-tchai, la secte des végéta­riens ; kin cha, s'abstenir de tuer les êtres vivants.
La croyance à la métempsycose est la racine de cette fausse idée. En tuant un être vivant, en mangeant sa chair, je m'expose à manger le corps d'un de mes proches parents, réincarné sous cette figure.
De là, l'abstinence des viandes, et la formation de toutes les sectes de végétariens. En rompant leur abstinence, ils croient perdre tous leurs mérites : là est toute la difficulté de conversion des végétariens. Aussi les nomme-t‑on vulgairement tch'e tch'ang sou, les mangeurs d'herbes à vie.
Plusieurs personnes s'y engagent par voeu, par exem­ple pour obtenir la santé de leur père, pour obtenir un enfant mâle.
N.B. La plupart de ces sectes deviennent des partis politiques et ourdissent des complots.

Tch'e sou, tch'e tchai, désigne aussi les abstinences bouddhiques temporaires.
Ces abstinences sont pratiquées à certaines fêtes en l'honneur de certains poussahs ; par exemple, les abstinences en l'honneur de Koan‑in p'ou‑sa, les abstinences nombreuses en l'honneur du dieu de l'âtre, Tsao‑kiun, les abstinences rituelles avant les sacrifices à Confucius, à Koan‑kong etc.
Ces abstinences bouddhiques sont pratiquées même par ceux qui ne font pas partie des sectes végétariennes ; v.g. par les païens de nuance taoïste ou confucéiste.

Les t'ong-tse appelés aussi ts'iang-ta-sien,
sont des magiciens de profession, dont le métier est de prendre les mauvais diables et d'en débarrasser la demeure des vivants. Au temps des sécheresses et des calamités, et à des époques déterminées, on les invite aussi à réciter leurs prières cabalistiques. Décrivons brièvement le mode suivi pour la chasse aux diables.
Le t'ong‑tse, vêtu d'une culotte rouge, le torse nu, les pieds nus ou chaussés de bottes éculées, la tête coiffée d'un bonnet d'arlequin, brandit un sabre ou une hallebarde ; dès qu'il se sent possédé par une puissance supranaturelle, il saute, gesticule, bondit, frappe d'estoc et de taille, prend un, puis deux, puis trois diables, qu'il enferme dans la cendre d'encens placée dans un bol. Il recouvre ce bol avec des bandes de papier aux cinq couleurs, le ficelle solidement et se dispose à emporter les diables.

Tso-hoei, la procession.
Au son du tam‑tam, au milieu du crépitement des pétards, le t'ong-tse prend le bol, l'emporte hors de la maison ; il est suivi de plusieurs membres de la famille qui portent de la paille, des souliers de paille, des allumettes et de la chaux. Le défilé arrive à un carrefour ou à un lieu désert assez éloigné de la maison : là, on s'arrête.

L'autodafé.
Une botte de paille est étalée à terre, le sorcier pose le bol au milieu de la paille, on allume le bûcher, la flamme pétille, les pétards font rage, le t'ong-tse armé de son sabre frappe un grand coup sur le bol, qui vole en morceaux : les diables sont brûlés vifs, ils ne reviendront plus jouer de vilains tours aux propriétaires de l'immeuble.

Hoei k'iuen, les cercles de chaux ; ts'ao‑hai, ­les souliers de paille.
Manifestement, les diables ne pourront pas échapper à la mort et seront brûlés ; mais pour plus de sûreté cepen­dant, on juge prudent de les enfermer dans une forteresse sans issue, aussi on décrit un cercle à la chaux tout autour du bûcher. Impossible d'en sortir.
A supposer même que l'un de ces malandrins songeât à escalader les murs d'enceinte, on brûle les souliers de paille qu'il pourrait chausser pour s'enfuir. Où pour­rait‑il bien fuir sans souliers ?
Voilà ce qui explique ces fragments de bol, ces restes de paille brûlée, ces vestiges de souliers de paille carbonisés, dans les carrefours des chemins, à une certaine distance des maisons. Ces pratiques sont de tous les jours en pays païen.

Song k'ieou sing-sieou, éconduire les mauvaises étoiles.
Lorsqu'un esprit stellaire, réputé pour ses vexations, envoie des maladies ou des malheurs à une famille, il faut trouver moyen de le faire disparaître. On appelle un t'ong-tse magicien, tao‑che ou bonze, puis on fait fête à l'esprit dont on veut se défaire. Sa tablette, ou son image gravée sur un tche‑ma, est exposée sur une table ; on brûle de l'encens, on allume des pétards et des bougies, le son des instruments complète la cérémonie. Puis, à un bon moment, le sorcier prend la tablette ou le tche‑ma ; la procession sort de la maison au son de la musique. Enfin, arrivé à un carrefour, on brûle l'esprit de la mauvaise étoile, et la maison est purgée de sa présence. Le nigaud ! Pourquoi s'est‑il laissé prendre à ces apparences d'amabilité ?

Les chasseurs de diables et de mauvaises étoiles.
L'origine en remonte, dit‑on, à l'époque de Chao Hao (2597‑2513 avant J.‑C.). Une déesse, Yu-tchen niang‑tse, aurait indiqué cette méthode à l'empereur. Les ancêtres des t'ong‑tse furent les Kieou Li, ou les 9 fils de Li mou, divinité stellaire. Ces hommes furent les premiers ancêtres des Tonkinois.

Yuen‑pao toen, corbeilles de lingots.
Au nouvel an les païens mettent de la chaux en poudre dans un récipient rond, un crible par exemple, et impri­ment sur le sol devant leurs maison, des cercles de chaux nommés yuen-pao toen ou corbeilles de lingots. Allusion à leurs tas de céréales conservées dans des nattes disposées en pyramides rondes.
Ce sera l'année de l'abondance !

Mou jen, tche jen, figurines de bois ou de papier. Envoûtement.
Par haine, par vengeance contre un ennemi, les païens l'enterrent en effigie, creusant la terre et y enfonçant son image ou une statuette le représentant. Le mal fait à l'image rejaillit sur la personne elle‑même. Ne pouvant atteindre l'homme lui-même, on s'en prend à son image.

Construction d'une maison.
Précédemment, nous avons mentionné la pose de la première pierre, une pierre bien taillée sur laquelle est écrit le nom du Pic sacré de l'Est, T'ai-chan.
Au sommet des colonnes soutenant les échafaudages, les maçons ont coutume de lier des branches d'arbres ou des touffes de verdure. L'idée primitive a été, dit‑on, de se procurer un bon fong‑choei, et de contrecarrer tout influx pernicieux. La chose est passée en coutume, on n'y prend plus garde.

P'ao liang, jeter [des gâteaux en l'honneur de la ] poutre.
Le jour du chang liang, où l'on érige la char­pente d'une nouvelle maison, c'est grande fête. Les menuisiers et maçons, montés sur les poutres, jettent aux visiteurs des gâteaux : kao, tsong, t'oan. C'est un jeu de mots pour : Kao‑tchong t'oan-yuen.
Le ménage qui habitera cette maison, aura des en­fants qui seront gradués et grands dignitaires. En jetant ces friandises, les menuisiers prédisent toutes sortes de prospérités au patron, à ses enfants etc. Dès que la charpente d'une maison chinoise est élevée, avant la construction des murs, on suspend aux poutres un crible et un petit miroir en cuivre pour éloigner les mauvaises influences, prévenir les accidents. Sur une table, deux bougies et de l'encens sont allumés.

Hiu-yuen, voeu.
Promesse faite à un poussah de donner telle somme en aumône, à sa pagode ; d'entretenir une lampe devant sa statue, pendant un mois, un an ; de donner un nombre déterminé de bougies ou de bâtonnets d'encens ; de venir à telle date faire un pèlerinage à sa pagode etc... Ce voeu est écrit sur papier rouge ou jaune et collé sur le mur de la pagode.
Il est bon de connaître cette coutume, car il peut se trouver des nouveaux chrétiens qui, avant d'être baptisés, s'étaient engagés par voeu à accomplir telle ou telle dévo­tion à l'égard d'un poussah. Il sera utile d'éclairer leur conscience et de leur faire comprendre que l'exécution de cette promesse serait une faute nouvelle.

Tou-tcheou, le serment.
Le serment solennel se fait devant un poussah, par exemple devant le Tch'eng‑hoang, en tenant à la main de l'encens allumé et s'engageant à subir les châti­ments mérités, si ce qu'on affirme est faux.

Paiti-hiong, les frères d'encens ou fraternité jurée.
C'est un engagement juré à se prêter mutuelle assis­tance, comme il arrive dans beaucoup de sectes chinoises : Pé‑lien kiao, Mi-mi kiao etc... Cette pro­messe engage même dans une cause fausse, où le compagnon est pleinement dans son tort. Les cérémonies rituellespour l'engagement diffèrent avec les sectes : ordinairement il y a de l'encens et une promesse faite devant une fausse divinité ; quelquefois un sacrifice, où on goûte une coupe remplie du sang de la victime.
Ces associations jurées sont une des plaies de la Chine.

Prières adressées au soleil et à la lune.
Les végétariensont des prières composées en l'honneur du soleil. Ils le saluent le matin, à son lever, et récitent une prière en se tournant vers l'astre dès son apparition au‑dessus de l'horizon. J'ai connu un de ces mangeurs d'herbes qui n'y manquait jamais.
Des prières, des offrandes, de l'encens sont offerts à la lune le 15e jour de la VIIIe lune (voir cette date sur le Calendrier des superstitions).

Tch'e‑ché, bulles de pardon.
Des bulles de pardon pour une liste de péchés énumé­rés (et pas des plus petits !) sont vendues dans les pagodes, pour la rémission des péchés de ceux qui font une au­mône aux bonzes. Ces derniers, en guise de remercie­ments, font part aux pécheurs de toutes les bonnes oeuvres qu'ils accomplissent en priant Bouddha, et en se dévouant à son service.

Fou-tchou, le chapelet bouddhique.
Il est composé de 108 grains. Le dévot fait glisser rapidement ce chapelet entre ses doigts, et sur chacun des grains récite cette invocation :
Nan‑ou O‑mi-touo Fou, J'ai confiance en toi, Amida Bouddha.
Il y a aussi des chapelets de 18 grains, en l'honneur des 18 Arhats des pagodes bouddhiques.

Fan-tchong, les cloches bouddhiques.
La cloche fait partie essentielle du culte bouddhique. On sonne la cloche pour avertir Bouddha ou le poussah que quelqu'un vient lui offrir de l'encens et le saluer, on la sonne pendant les cérémonies rituelles, et pour les morts. On sonne dès le matin avant l'aurore et le soir à la tombée de la nuit. Dans ces deux derniers cas, le nombre des coups est de 108, comme celui des grains du chapelet 6. C'est le total formé par les 12 mois de l'année, les 24 tsié et les 72 heou périodes de 5 jours, dont se compose l'année de 360 jours.

Tso tchai, faire l'abstinence bouddhique (réunion des bonzes pour prier et jeûner).
Ce sont des cérémonies accomplies par les bonzes, dans les demeures des particuliers, pour écarter les malheurs, faire des offrandes aux défunts, attirer le bonheur et la fortune sur les membres de la famille.
Dans les villages, dans les bourgs et villes, les bonzes parcourent les rues en chantant des prières, jouant de la flûte, et frappant le mou‑yu.

Chao p'ing‑ngan hiang, brûler l'encens de la paix.
Cérémonies exécutées par les bonzes et les tao‑che, soit en organisant des pèlerinages à une pagode célèbre, soit en décorant une des salles d'une habitation, où ils récitent des prières et brûlent de l'encens, soit en parcourant les rues, le soir aux flambeaux, priant à la porte des habitants du bourg ou du village, brûlant l'encens pour demander la paix et le bonheur.
Elle ont lieu surtout à l'époque du nouvel an : les gens d'un même village se cotisent pour fournir aux bonzes et aux tao‑che la somme suffisante, grâce à laquelle ils feront ces cérémonies pendant un ou plusieurs jours, afin d'obtenir une année d'abondance. Lorsqu'elles sont faites par les tao‑che, elles prennent le nom populaire de ta‑tsiao.

Chao‑hiang, brûler de l'encens ; tsin-hiang, aller [ à la pagode pour brûler de l' ] encens.
Brûler de l'encens, brûler des aromates pendant les cérémonies cultuelles et en l'honneur des divinités, fut tou­jours en usage même dans les premiers âges de l'histoire chinoise, à l'époque des premiers souverains.
Actuellement, toute pagode à son brûle‑parfums, toute maison païenne a son brûle‑encens devant l'image du poussah ou la tablette des ancêtres. Le premier et le 15e jour du mois lunaire, on ne manque jamais d'allumer des baguettes d'encens. Sur les barques des rivières et des canaux, l'encens brûle au moment où l'on lève l'ancre, il brûle chaque fois que la navigation devient difficile. En­fin tout dévot visitant la pagode offrira au poussah de céans une gerbe d'encens. C'est une des grandes dévo­tions des Chinois. Le nombre de gerbes d'encens brûlées dans une année est incalculable. La confection des bâton­nets d'encens est toute une industrie qui occupe un grand nombre d'ouvriers, de même que la confection du papier­monnaie occupe beaucoup d'ouvrières.

Hou‑li tsing, les renards transcendants.
La croyance aux renards transcendants joue un grand rôle dans la vie chinoise, en certaines régions. Les païens s'imaginent que le diable se métamorphose en renard et apparaît aux vivants, tantôt sur une poutre de la maison, tantôt au pied d'un tas de paille, aux approches de la nuit. On fait beaucoup de superstitions pour se délivrer de ce visiteur incommode.
On lui bâtit des pagodins, où figure sa tablette, devant laquelle on brûle de l'encens et on offre des mets, en se prosternant avec grand respect.

Hoang‑lang tsing, les belettes transcen­dantes.
Dans les pays du Hai tcheou, au Kiang‑sou, les belet­tes transcendantes remplacent les renards. Les tao nai-nai, sorcières, honorent ces belettes et passent même quelquefois pour avoir de mauvaises relations avec ces animaux diaboliques.

Arbres transcendants.
Les arbres, en vieillissant, deviennent transcendants, et acquièrent, croit‑on, des propriétés supranaturelles.
L'Esprit de ces arbres est honoré. Il n'est pas rare de voir un autel rudimentaire au pied de l'arbre ; on y brûle de l'encens, on y allume des bougies ; de petits drapeaux de papier sont plantés dans le sol et les gens viennent faire leurs prostrations pour demander des faveurs. Quel­ques‑uns de ces vieux arbres sont l'objet de vrais pèlerina­ges, v. g. le vieil acacia des T'ang près de T'ai-yuen fou, au Chan‑si.

Chats du Hoei-tcheou. — Cadavres d'enfants.
D'après le proverbe du pays, ‘un chat vaut cinq lettrés'. Quand le chat meurt, on le suspend aux branches des arbres.
Dans certaines contrées on y suspend aussi les cada­vres des petits enfants. Par exemple, chez les Lolos, l'enfant mort est enveloppé dans une natte et ainsi suspendu.

Mou‑p'ai, les radeaux de bois.
Les marchands qui vont acheter des bois de cons­truction dans les montagnes du Hou‑nan et ailleurs, ré­unissent ces arbres en radeaux. Avant de lancer un radeau sur le courant du fleuve, ils immolent une poule, ou un coq, et répandent son sang sur le radeau, en répétant : « Se-jen ! Che houo ! Mort ! Incendie ! »
Pourquoi ? La raison en est obvie : les marchands achètent ces bois pour servir à la confection des cercueils et à la construction des maisons. Donc les deux agents de leur fortune sont : la mort et l'incendie.

Wei‑ts'an, yu‑ts'an, nourrir les vers à soie.
L'élevage des vers à soie donne lieu à beaucoup de pratiques superstitieuses :
a) On affiche des images représentant des chats, afin que ce talisman éloigne les rats.
b) Beaucoup de choses ou de mots ‘tabous' à éviter avec grand soin : ainsi, ne jamais prononcer dans la salle où on les élève les mots : se, mort ; yen, sel ; k'an hi, voir la comédie. Les vers à soie mourraient si on parlait de mort ; les limaces les mangeraient si on prononçait le mot yen (yen yeou, limace, mot d'argot). Enfin ils ne fileraient point de soie s'ils entendaient parler de voir la comédie, car dans cette occurrence tout le monde cesse de travailler, et va s'amuser.
c) Dans la nuit du ts'ing‑ming (qui suit le jour même), ceux qui nourrissent des vers à soie, doivent faire la cérémonie appelée ts'ié ts'ing‑long, t'oei pé‑hou ; inviter le Dragon Vert et écarter le Tigre Blanc. Pour ce, ils servent un repas : poisson, viande, et vin au Dragon, sur une table où brûlent des bougies et de l'encens.
d) Ils doivent renouveler les men‑chen ou images des gardiens des portes.
è) L'étoile Ts'ing‑long est favorable ; l'étoile Pé‑hou est néfaste.
f) Si un serpent apparaît dans l'appartement où l'on se propose d'élever les vers à soie, c'est de bon augure. On lui sert un dîner, et on le laisse partir à sa volonté. C'est le Ts'ing‑long qui vient visiter ses clients.
g) Après le kou‑yu (20 ou 21 avril), personne portant le deuil ne peut entrer dans l'appartement où se trouvent les vers à soie. Défense de parler à haute voix et de dire des mots malsonnants.

K'ieou yu, demander la pluie.
Quand une sécheresse trop prolongée met les mois­sons en danger, les populations affolées ont recours à toutes sortes de superstitions, pour obtenir la cessation du fléau. En voici quelques‑unes entre cent.
a) On fait représenter un dragon dans le lit dessé­ché des canaux ; sa tête est sur une rive, sa queue émerge sur le bord opposé.
b) On institue des processions, et on se porte vers une pagode renommée, pour prier le poussah d'intervenir.
c) Si les poussahs semblent faire la sourde oreille, on les tire hors de leurs pagodes, et on les expose en plein soleil, pour leur apprendre par expérience combien c'est pénible de vivre dans une atmosphère embrasée, sans une goutte de pluie pour se rafraîchir.
d) Quelquefois, les paysans, portant des drapeaux et frappant le tam‑tam, se rendent à une source ou à une nappe d'eau, pour prier le dragon de former des nuages et de faire tomber la pluie.
e) C'est surtout autour de l'orifice des puits que se manifeste la crédulité des gens : tous vont y planter des drapeaux de papier, brûler de l'encens, se prosterner en suppliant le roi-dragon des eaux d'avoir pitié d'eux etc. etc.
f) Les mandarins sont obligés d'aller prier aux pagodes, d'interdire aux bouchers de vendre de la viande (kin t'ou) ; la moindre négligence en ces cas ameuterait la population contre eux.
Cette coutume de demander la pluie existait déjà en 639 av. J.‑C. : le marquis de Lou voulait faire exposer en plein soleil, un sorcier qui n'arrivait pas à faire cesser la sécheresse.

Les logettes aériennes au‑dessus des rues.
Au moyen d'échafaudages, on construit des logettes au‑dessus des rues des villes ; un t'ong‑tse, magicien y monte, s'assied devant une table, et récite des prières tout le jour en frappant sur une cymbale ou sur un mou-yu. Sur la table fument des baguettes d'encens plantées dans un brûle‑parfums, des images sont suspendues aux parois de la case. Les citadins apportent des liasses de pétards qu'on fait détonner au pied de l'échafaudage.

Ts'ing‑miao hoei, réunion des moissons encore vertes.
Dans les villages, les paysans se cotisent pour payer un t'ong‑tse, qui vient s'installer dans une tente ornée d'images et de poussahs. Il chante des prières, frappe sur une cymbale, brûle de l'encens, pour obtenir le bienfait d'une bonne récolte, au moment où les premières pousses sortent de terre.
Des talismans sont aussi dispersés au coin des champs ; on les suspend au bout d'un bâton enfoncé en terre. Les bonzes et les tao‑che font des processions au travers des champs, brûlent de l'encens et des tche‑ma.

Le fong‑choei (fengshui), géomancie.

Sous la bienfaisante influence du printemps, la nature renaît, les arbres se couvrent de feuilles et de fleurs : la vie déborde. Sous la rigueur du froid, les feuilles tombent, les herbes meurent, la nature entière semble s'éteindre : la mort succède à la vie. Voilà des effets palpables d'une bonne et d'une mauvaise influence. Ainsi en est‑il du fong‑choei.

Le ‘bon fong‑choei', c'est une influence vivifiante ; par exemple, lorsque les tombes des ancêtres sont placées dans une position avantageuse, leurs descendants partici­pent à la sève de bonheur, comme les branches puisent par la racine le suc nourricier qui leur communique la vie.

Au contraire, la mort, la ruine d'une famille suivra inévitablement la pernicieuse influence d'une tombe fami­liale placée dans une orientation désavantageuse : voilà ce qu'on nomme le ‘mauvais fong‑choei'.

Il y a donc comme deux influx : un influx vital venant du sud avec la chaleur vitale, un influx de mort émanant du nord et du froid.

Tout objet de nature à favoriser l'un et à enrayer l'autre, procurera un bon fong‑choei ; tout objet jouant un rôle contraire, amènera le mauvais fong‑choei.

Telle est en deux mots l'idée générale de cette croyance. Le talent du géomancien consistera donc à trouver un site avantageux, défendu puissamment contre le courant néfaste et exposé sans obstacle au courant vivificateur du yang, bien exposé au sud et à son influx vital, puissamment défendu au nord contre l'influx glacé du in.

Généralement, le versant sud d'une colline réunit ces deux avantages, et c'est le site préféré.

Dans les plaines, un grand arbre pourra quelquefois être un rempart suffisant contre l'influx pernicieux du nord ; mais, de préférence, on choisira un préservatif plus stable : par exemple, une tour ; ou bien on élèvera une colline artifi­cielle en forme de fer à cheval pour protéger les sépultures contre le flux déprimant du nord, et permettre à la chaleur ­vitale du yang d'arriver sans obstacle jusqu'à la tombe des ancêtres.

Il arrive que des géomanciens peu scrupuleux et cupides s'entendent avec le propriétaire du terrain qu'ils vont désigner, pour faire chanter l'acheteur. De gros bénéfices sont ainsi partagés entre les deux larrons.

Le fong‑choei d'une sépulture ou d'une habitation est troublé par l'érection d'une nouvelle maison, par une tour nouvellement élevée, par une maison à étage, par un poteau de télégraphe ou tout obstacle arrêtant la bonne influence du sud. La disparition d'un arbre protecteur au nord, l'addition d'un nouveau tombeau à proximité : tout autant de perturbations du fong‑choei.

Quand le fong‑choei d'une région entière est troublé, on prie un géomancien d'indiquer un remède efficace. D'ordinaire, ce sera la construction d'une pagode, voire même l'érection d'une tour, comme la Tour de l'Encre à Sou-­tcheou, construite pour ramener le succès aux examens littéraires.

De même un géomancien eut l'idée géniale de trouver comme cause de la prise de Chang‑hai par les Rouges (7 sept. 1853), la construction de la pagode Koang fou se. On y remédia en changeant son nom, et en lui bou­chant les yeux, c'est‑à‑dire deux puits. Le fong‑choei fut rétabli.

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