La rentrée scolaire en Chine et en France....

Lundi de la semaine dernière j'ai accompagnée mon neveu à Xi'an pour sa rentrée scolaire (il a 6 ans). Ce qui m'amuse toujours c'est de voir les enfants de l'école en rang, cela me rappelle quand j'y étais. Ce qui m'a le plus frappé (par rapport à mon époque), c'est les cartables des enfants (très modernes, avec des personnages de dessins annimés dessus) et j'ai été impressionnée par le matériel qu'avait mon neveu pour aller à l'école (je n'avais pas tout ça!). On lui avait ramenés un cartable français pour la rentrée scolaire, du coup il était tout fier avec son cartable qui sortait du lot .

Sinon c'est toujours le même scénario que quand j'étais petite : une foule d'enfants qui sortent et une foule de parents et grands parents qui les attendent, comme quoi certaines choses ne changent pas

A en juger par ce que me dit la jeune Chinoise avec laquelle je corresponds régulièrement (elle est en 1° année de Master), le système chinois est vraiment basé sur la mémoire plus que sur la réflexion ou sur une connaissance approfondie des disciplines enseignées ; comme les examens se déroulent tous par QCM, les étudiants bachotent pour obtenir le pourcentage de bonnes réponses nécessaire au passage dans le niveau supérieur mais oublient tout dès que les épreuves sont passées. L'avantage d'un tel système, c'est qu'il exige une somme de travail hallucinante qui élimine impitoyablement les fumistes ; le revers de la médaille, c'est évidemment qu'il privilégie des esprits dociles.... A l'inverse, les autorités pédagogiques français ont marginalisé la mémoire, privilégié l'autonomie (du moins dans les textes officiels) et banni de fait pratiquement toute sélection, au risque d'abandonner à eux-mêmes ceux qui ne trouvent pas chez eux de solides motivations pour apprendre.

Du fait de ces différences entre les deux systèmes, cette jeune Chinoise se trouve confrontée à un dilemme : venir étudier le français en France pour sa deuxième année de Master ou poursuivre ses études en Chine. Elle me dit que, dans la première hypothèse, elle ne pourra plus enseigner le français en Chine tant les méthodes françaises y sembleraient déplacées...

Ce que disent Lililele et Fredi montre en tout cas que la Chine investit massivement dans l'enseignement, qu'il s'agisse des autorités, qui ont compris qu'investir dans les cerveaux était une dépense éminemment productive (ce qu'ont oublié les autorités françaises), ou des familles, qui ne lésinent pas sur l'équipement de leur(s) rejeton(s), pour autant, du moins, qu'elles le puissent... ce qui est loin d'être le cas pour toutes.

Dans les deux cas, malheureusement, on oublie que la vocation de l'école, dans toute démocratie digne de ce nom, devrait être de donner à tous la culture de l'élite.

@ Laoshi,
tout ce que vous dites je le v/rifie quotidiennement dans mon enseignement en Chine.
Je ne dirais pas que l 'éducation chinoise est mal organisée ou structurée( j 'aurai tendance à penser le contraire) mais l' orientation pédagogique ou les objectifs de l 'apprentissage d' un jeune scolaire ( lycéen puis étudiant en devenir) caractérisent un effet de masse qui veut que pour sortir du lot, il faut commencer à appliquer et mettre en évidence le cognitif ( sur du court terme, comme vous le rappelez si bien Laoshi) et sacrifier la culture et la connaissance au bachotage et à la maxime qui veut que Tête bien pleine vaut mieux que tête bien faite..
Je serai plutôt de la doctrine inverse, mais essaie dans mon enseignement,autant que je peux,d'être pas trop exigeant sur le signifié (le fond et le sens critique)mais accorder et solliciter une part importante au signifiant (la forme et les interventions orales argumentées....

@Laoshi

Je suis complètement d'accord avec votre correspondante : "le système chinois est basé sur la mémoire plus que sur la réflexion. Les étudiants bachotent pour obtenir le pourcentage de bonnes réponses nécessaire mais oublient tout dès que les épreuves sont passées. Un tel système exige une somme de travail hallucinante qui élimine impitoyablement les fumistes."
Moi, c'est un ami, ancien enseignant à Berkeley qui avait accepté un poste de Professeur d'Université, pas loin de chez ses parents et qui me disait que les "bacheliers" n'avaient guère d'autres acquis que la langue et certainement pas d'acquis en Maths ou Physique. Mais assidus, travailleurs ... progressant vite.
La question est que leur reste-t-il après leurs études ?

Pour en revenir au souci des parents de jeunes enfants, ceux que je connais finissent par les ramener dans le pays de leur parent européen, vers l'entrée au collège. Ce n'est pas une décision facile et le plus souvent, elle est préparée depuis plusieurs années par des contacts avec le futur établissement d'accueil. Finalement, la scolarité des enfants se passe très bien.

Hebei a écrit :

Pour en revenir au souci des parents de jeunes enfants, ceux que je connais finissent par les ramener dans le pays de leur parent européen, vers l'entrée au collège. Ce n'est pas une décision facile et le plus souvent, elle est préparée depuis plusieurs années par des contacts avec le futur établissement d'accueil. Finalement, la scolarité des enfants se passe très bien.

oui hebei, c est aussi certainement ce que nous allons faire pour Orian-xu, mais nous ne savons toujours pas si c est le meilleur des choix.dans tous les cas, nous verrons bien au moment crucial de la décision et nous l assumerons en pareil cas.

Hebei a écrit :

La question est que leur reste-t-il après leurs études ?

Ce qui est très curieux, c'est que le système chinois forme quand même des étudiants avides de savoir et de comprendre.

La jeune étudiante avec laquelle je corresponds au moins 3 heures par semaine me pose toujours des questions extrêmement intéressantes, elle sait identifier ses difficultés (chose que ne savent pas faire mes élèves, en général) et cherche à les surmonter non par la mémoire à laquelle l'ont habituée ses professeurs mais par l'intelligence. C'est un bonheur toujours renouvelé que de parler avec elle (et pourtant, elle est une étudiante "moyenne", me dit-elle !) et je constate, à chaque séance ou presque, ses progrès.

Je crois que la clef de cette attitude volontaire est tout simplement l'habitude d'un travail soutenu même si les méthodes pédagogiques sont contestables !

Je ferais le même constat que Laoshi.

Tous les étudiants Chinois que j'ai rencontrés, en France ou en Chine, montraient ainsi cette envie d'apprendre, de savoir.
Une amie Anglaise qui travaille dans la formation continue, me racontait hier combien le petit groupe de jeunes Chinois qu'elle venait d'avoir en stage de remise à niveau était intéressé, ponctuel, travailleur. leur niveau de langue était d'ailleurs plutôt bon, m'a-t-elle dit, et ce qui l'a vraiment étonnée, c'est le fait qu'ils notaient scrupuleusement tout ce qu'elle disait, l'enregistraient pour "réviser" ...Un groupe "adorable" d'après elle.
Ils vont fréquenter une école de gestion et de management de Rennes.

un simple exemple, en guise de témoignage...(évidemment non significatif...ça peut être une exception ??)

nous avons des amis dont l' épouse chinoise a pu faire venir sa fille (10 ans) , restée en chine, par le regroupement familial.
Elle est arrivée en juin...et est inscrite à l' école, selon son âge.
lors de la rentrée, à l' école, les profs de maths et physique ont fait faire à la classe quelques tests....... la petite chinoise a eu les meilleures notes !
et cela fait 3 mois donc qu' elle est en France..... et elle arrive à suivre une conversation (pas trop compliquée ) et comprend la plupart des cours.... elle est studieuse, motivée et appliquée, au contraire de beaucoup de ses camarades de classe moins assidues...
Mon épouse pense que le niveau des mathématiques, au collège, est assez poussé en Chine...ceci peut expliquer cela !

J' ai pu côtoyer bon nombre d' étudiants chinois, à Toulon...certes, parfois leur niveau de français semble bien faible...(on en a parlé dans un autre fil de discussion, ce n' est pas le sujet ici....) mais pour les meilleurs d' entre eux, ils sont vraiment motivés, et semblent en effet avoir de grosses capacités de travail....ce sont de vraies" éponges", avides d ' apprendre tout sur tout....

michelem a écrit :

Je ferais le même constat que Laoshi.

Tous les étudiants Chinois que j'ai rencontrés, en France ou en Chine, montraient ainsi cette envie d'apprendre, de savoir.
Une amie Anglaise qui travaille dans la formation continue, me racontait hier combien le petit groupe de jeunes Chinois qu'elle venait d'avoir en stage de remise à niveau était intéressé, ponctuel, travailleur. leur niveau de langue était d'ailleurs plutôt bon, m'a-t-elle dit, et ce qui l'a vraiment étonnée, c'est le fait qu'ils notaient scrupuleusement tout ce qu'elle disait, l'enregistraient pour "réviser" ...Un groupe "adorable" d'après elle.
Ils vont fréquenter une école de gestion et de management de Rennes.

ce groupe de sttagiaires chinois est exemplaire pour la prise de notes.ce qui est un inconvénient majeur pour un étudiant , débutant ou débutant avancé en école de FLE, c est justement qu ils n ont pads l habitude de prendre des notes.
Au bout d un an , ils comprennent ce fonctionnement qui n est pas dans leurs habitudes ( et ceci peut se comprendre, allez donc prendre des notes en caractères chinois

ceci dit en passant , depuis que j enseigne le français à de jeunes étudiants chuinois, je trouve aussi que leur assiduité dans les cours est proportionnelle à la motivation pour atteindre leur but .
l envie de bien faire et se classer parmi les meilleurs sont aussi de bons moteurs d apprentissage en Chine comme en France.

Tintin, la prise de notes n'est pas non plus la retranscription littérale d'un cours !!!
Dans mon cas ,c'est certain, la prise de notes en caractères serait impossible... Il ne me semble pas que ce soit insurmontable pour un Chinois ...
De toute façon, dans le cas de mon amie, c'était exclusivement en anglais, elle ne connait pas un mot de chinois !!!