recherche
sous-menu
Vous êtes ici : Accueil  ❭  Actualité
LIENS COMMERCIAUX

Chine - Rapport annuel 2003/2004 de RSF

© Chine Informations - Daweide, Le 04/05/2004 00:00
Superficie : 9 598 050 km2.
Population : 1 294 867 000.
Langue : mandarin (putonghua, langue commune off.).
Nature de l'Etat : "république socialiste unitaire et multinationale".
Chef de l'Etat : Hu Jintao.
Chine - Rapport annuel 2003/2004

L'arrivée au pouvoir de la quatrième génération de dirigeants communistes, avec à sa tête le président Hu Jintao, n'a pas eu en 2003 un réel impact pour la liberté de la presse. Les autorités se sont engagées dans une vaste réforme économique du secteur des médias, mais le contrôle sur le contenu de l'information reste la règle.

En juillet 2003, l'Etat a imposé une réforme radicale aux médias chinois. Il est dorénavant interdit aux organismes du gouvernement et du Parti communiste de gérer des publications payantes, à l'exception du quotidien officiel national, de la revue théorique du Parti unique, de deux publications au niveau provincial et d'une au niveau municipal. Toutes les autres publications doivent s'adapter aux lois du marché. Une révolution en Chine. En 2003, on a également assisté à l'émergence de grands groupes dans le secteur de la presse écrite et des médias audiovisuels qui compte 2 000 journaux, 9 000 magazines et 2 000 télévisions.
Mais le Parti communiste n'abandonne pas pour autant le contrôle du contenu de l'information. A plusieurs reprises, notamment lors de la crise du SRAS, les autorités, à travers le Département de la publicité (anciennement de la propagande), ont sanctionné des journalistes qui enquêtaient sur les mensonges et les insuffisances des autorités face à cette épidémie. En 2003, comme jamais, les journalistes, notamment des grands médias, ont repoussé les limites de la censure. Il est néanmoins formellement interdit de remettre en cause publiquement le système de parti unique. Au moins vingt-trois journalistes et une cinquantaine de cyberdissidents sont emprisonnés, souvent condamnés à de lourdes peines, pour avoir réclamé la démocratie ou avoir dénoncé les abus des autorités communistes. En 2003, une dizaine d'autres journalistes ont été sanctionnés par les autorités pour avoir abordé des sujets sensibles. La rédaction de l'hebdomadaire Nanfang Zhoumo, fer de lance depuis plusieurs années du journalisme d'investigation, a de nouveau été décapité par le gouvernement pour ses articles jugés trop indépendants.
La gestion médiatique de la crise du SRAS par le gouvernement de Pékin a été très révélatrice de la conception que le Parti communiste a de la liberté de la presse. Après avoir interdit pendant plusieurs mois la publication d'articles relatifs à l'épidémie, le gouvernement a, du jour au lendemain, engagé les médias dans une campagne de propagande et de mobilisation nationale pour lutter contre le fléau. Mais la gestion gouvernementale de l'épidémie a provoqué des critiques de la presse. En avril, un éditorialiste du Quotidien de la jeunesse de Chine a écrit : "Le pays a agi stupidement." "Nous n'avons pas seulement menti à la communauté internationale sur cette situation désastreuse, mais nous avons refusé son assistance", a souligné ce journal proche du président Hu Jintao. Certains observateurs ont affirmé que la presse s'était découvert de nouvelles ardeurs d'indépendance pendant la crise du SRAS. Mais un correspondant étranger en poste à Pékin relativise : "Nous sommes passés en quelques semaines, du silence à la propagande, en passant par l'autocritique. Rien qui ressemble vraiment à la liberté de la presse." Pendant ce temps, les nouvelles et les rumeurs ont envahi les sites Internet et même les téléphones portables, via les SMS.
La presse dans son ensemble se modernise et les journalistes se risquent plus régulièrement à des enquêtes sur les problèmes sociaux. Preuve en est, la multiplication des agressions de reporters. Un journal a révélé en octobre que plus d'une centaine de journalistes chinois ont été agressés en 2003 dans l'exercice de leurs fonctions. Ces violences ont été commises par des vigiles, des policiers ou des délinquants gênés par leurs enquêtes. Quelques semaines plus tard, une compagnie de Shanghai a proposé une assurance spécifique pour les journalistes.
Le nombre de tabloïds réputés pour leur goût immodéré des faits divers a augmenté dans tout le pays. En novembre, le journal Xin Jing Bao (Les nouvelles de Pékin) a fait son apparition dans les kiosques du pays. Né d'un accord entre des groupes de presse de Pékin et de Canton, le quotidien promet à ses lecteurs de publier les "nouvelles interdites".
Le contrôle des médias demeure une obsession du gouvernement chinois. Le secteur de la télévision est sous la tutelle de l'Etat par l'intermédiaire de la Télévision chinoise centrale (CCTV) qui exploite douze chaînes différentes. Les programmes d'informations sont essentiellement tournés vers la politique nationale, les activités des dirigeants et les campagnes idéologiques. En février, l'Etat a lancé le projet d'une chaîne d'information en continu. CCTV a couvert en direct le début de l'invasion américaine de l'Irak et des dizaines de correspondants ont été envoyés dans la région du Golfe. Une première pour la télévision chinoise. Mais les commentaires ne reprenaient que la position officielle opposée à la guerre. En décembre, le gouvernement a autorisé la création d'un géant de l'audiovisuel. Le Groupe de télévision du Sud englobe deux réseaux de radio et au moins quatre télévisions du sud de la Chine et pèse plus de 900 millions d'euros.
Par ailleurs, CCTV conclut des accords avec des multinationales, notamment le groupe de Rupert Murdoch, pour obtenir la diffusion de ses chaînes vers les Etats-Unis et l'Europe. En échange, les chaînes asiatiques du groupe News Corp. font une entrée sous surveillance dans le marché chinois. Par contre, la Chine n'autorise toujours pas la diffusion de chaînes taiwanaises.
"2003 a été l'année de la corruption dans les médias chinois", affirme Liu Feng, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Zhongguo Xinwen Zhoukan. Soumis au contrôle du Parti, les médias chinois n'ont, selon lui, d'autre issue que de suivre les volontés des hauts fonctionnaires et de se laisser corrompre. Les pots-de-vin sont monnaie courante dans la profession, notamment pour arranger un reportage ou un article ou participer à une conférence de presse. En octobre, quatre correspondants de l'agence Xinhua dans la province du Shanxi (Centre) ont été sanctionnés pour avoir accepté, en 2002, de l'argent du propriétaire d'une mine où venait de se produire un grave accident. Les journalistes n'avaient pas rapporté la nouvelle.
Bien que le gouvernement de Pékin ait promis de laisser les journalistes étrangers travailler librement lors des jeux Olympiques de Pékin de 2008, les correspondants ou les envoyés spéciaux sont toujours soumis à un contrôle très strict. Le Parti communiste chinois dénie aux correspondants étrangers le droit d'enquêter librement sur la dissidence, les mouvements religieux clandestins, la corruption, le sida dans la province du Henan, les grèves ouvrières, la situation des réfugiés nord-coréens, les catastrophes naturelles ou les séparatismes tibétains et ouighours. La bataille pour les ondes s'est intensifiée en 2003 entre le gouvernement chinois et les radios internationales qui émettent en mandarin, cantonais ou tibétain. Au Tibet, au Xinjiang ou en Mongolie intérieure, plusieurs campagnes ont été lancées pour lutter contre le séparatisme qualifié de "terrorisme".
La dissidence s'exprime de moins en moins à travers des journaux clandestins. Ce qui explique le nombre relativement bas de journalistes incarcérés (23) par comparaison avec les dizaines de milliers de prisonniers politiques. En revanche, Internet est devenu un champ de bataille entre l'opposition démocrate et le gouvernement de Pékin où la répression fait rage. Une dizaine de cyberdissidents et d'internautes ont été arrêtés ou jugés en 2003. Et le gouvernement a poursuivi son effort de surveillance d'Internet dans le cadre du programme secret "Bouclier doré".
A Hong Kong, 2003 fut l'année de tous les dangers, avec le projet "antisubversif" télécommandé par Pékin. Mais la mobilisation populaire, relayée par la majorité des journalistes, a mis en échec le gouvernement conservateur de Tung Chee-wa. Pour autant, les pressions régulières des autorités chinoises et les intérêts politico-économiques de certains patrons de presse, incitent à l'autocensure.

Dossier complet ici

RSF
ANNONCE
La Chine 中国 (Zhongguó), pays de l'Asie orientale, est le sujet principal abordé sur CHINE INFORMATIONS (autrement appelé "CHINE INFOS") ; ce guide en ligne est mis à jour pour et par des passionnés depuis 2001. Cependant, les autres pays d'Asie du sud-est ne sont pas oubliés avec en outre le Japon, la Corée, l'Inde, le Vietnam, la Mongolie, la Malaisie, ou la Thailande.