La gestion des sans-abri à San Francisco : des leçons à retenir

Depuis quelque temps, la vie est devenue encore plus difficile que d'habitude pour les sans-abri à San Francisco, en Californie, aux Etats-Unis.

Dans les rues, sur les places et près des centres commerciaux, la police de San Francisco brandit des menottes, expulsant les toxicomanes et les sans-abris qui y résidaient vers les coins les plus reculés de la ville.

Ces mesures ont pour objectif de donner une image plus soignée de la ville aux dirigeants venus participer à la réunion de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC). Elles ont cependant déclenché de violentes réactions négatives à travers le pays.

La correspondante de FOX Business, Hillary Vaughn, a directement confronté lundi le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan, lui demandant si le gouvernement américain n'était pas embarrassé par ces mesures précipitées.

La colère du public contre le gouvernement n'est pas sans fondement. Pour beaucoup de grandes villes américaines, dont San Francisco, le nombre croissant de sans-abri et de toxicomanes qui errent dans les rues n'est pas un problème nouveau, mais plutôt un défi de grande envergure auquel elles sont confrontées de longue date.

Les statistiques officielles suggèrent que malgré une population d'à peine 800.000 habitants, San Francisco compte plus de 7.000 sans-abri, parmi lesquels la toxicomanie, les agressions sexuelles et les crimes violents sont malheureusement monnaie courante.

Selon les services de santé comportementale de San Francisco, de janvier à septembre, plus de 620 personnes sont au total mortes d'overdoses dans la ville, soit en moyenne deux overdoses mortelles par jour.

Des mesures provisoires comme celles qui ont été prises pendant le sommet de l'APEC ne permettront certainement pas d'apporter une véritable solution à ce défi de longue date en matière de gouvernance.

De fait, malgré les efforts énergiques du gouvernement pour les expulser, il n'est toujours pas rare de voir des sans-abri chercher de la nourriture dans les poubelles, des individus mentalement instables crier sans raison sur les passants ou des seringues abandonnées après des injections de drogue dans les rues de San Francisco.

Aux Etats-Unis, le problème ne se limite en outre pas à San Francisco. Pour véritablement résoudre ce problème de gouvernance, la première étape pour les autorités locales est d'abandonner leur approche à court terme et d'affronter le problème de front en discutant avec les acteurs concernés pour rechercher des solutions viables. Cela pourrait impliquer la création de nouvelles réglementations globales de gestion urbaine, la stimulation du marché de l'emploi, le renforcement du système de sécurité sociale et la réduction des écarts de richesse.

Pour que tous ces efforts produisent des résultats, des actions sincères et substantielles sont nécessaires de la part du gouvernement, plutôt que de simples slogans ou des mesures provisoires qui ne font qu'effleurer la surface.

De fait, la gouvernance des villes n'est pas sans rappeler la gouvernance mondiale.

Pour que les réunions entre dirigeants produisent des résultats véritablement significatifs, nettoyer les rues ne suffira pas. Les Etats-Unis doivent faire preuve d'une approche franche pour résoudre les problèmes sous-jacents à divers défis, et collaborer efficacement avec les principales parties prenantes.

Plus important encore, ils doivent mieux gérer leurs relations déjà tendues avec la Chine, un acteur clé de la gouvernance et du développement mondiaux.

Au fil du temps, les Etats-Unis ont adopté diverses stratégies pour contenir et faire pression sur la Chine, ce qui a eu des répercussions économiques substantielles sur la région Asie-Pacifique et le monde dans son ensemble au cours de la phase charnière de la reprise post-pandémique.

Tensions géopolitiques, perturbations des chaînes d'approvisionnement, affrontements entre blocs et omniprésence des jeux à somme nulle - ces défis, tout comme la série de problèmes de gouvernance qui troublent San Francisco, affligent le monde entier.

Pour sortir de ce bourbier, la communauté mondiale attend des Etats-Unis qu'ils proposent des mesures plus substantielles pour renforcer leurs relations avec la Chine, et qu'ils établissent de manière collaborative un cadre de gouvernance mondiale basé sur l'ouverture, les bénéfices mutuels et la coopération.

Alors que la réunion de l'APEC se poursuit et que le très attendu sommet entre la Chine et les Etats-Unis approche, le dilemme de gouvernance posé par San Francisco constitue un rappel poignant pour toutes les parties : des efforts superficiels ne suffiront pas pour relever les défis mondiaux et obtenir des résultats tangibles. Sans unité, coopération ou actions concrètes, les sans-abri finiront par retourner dans les rues de San Francisco, et les défis auxquels sont confrontés les relations sino-américaines, la région Asie-Pacifique et le monde en général persisteront.