Des responsables des médias du monde entier discutent des opportunités et des défis de l'intelligence artificielle

Face à l'accélération des progrès technologiques, l'émergence de l'intelligence artificielle (IA) tend à jouer un rôle de premier plan dans la transformation de l'industrie des médias.

Au cours du cinquième Sommet mondial des médias, les participants ont partagé des idées et des perspectives sur l'IA, un sujet plus en vogue que jamais au niveau international.

Fu Hua, président exécutif du Sommet mondial des médias et président de l'agence de presse Xinhua, a déclaré dans un discours prononcé lors de la cérémonie d'ouverture qu'il fallait embrasser l'innovation et les changements technologiques, tout en renforçant les efforts de recherche et de développement sur l'IA, l'informatique en nuage (cloud computing) et diverses autres technologies afin qu'elles puissent servir au mieux le développement des médias.

Narasimhan Ram, directeur du groupe de presse indien Hindu Publishing, a déclaré que trouver la meilleure façon de mettre à profit l'IA permettrait d'ouvrir de nouvelles opportunités au développement des médias.

L'IA a libéré les journalistes des "tâches répétitives" et leur a permis de se concentrer sur un "journalisme à plus fort impact", a affirmé le vice-président d'Associated Press (AP), Chan Yim Kuen.

Faisant écho à M. Chan, Sue Brooks, responsable du développement de produits et de la stratégie de l'agence de presse Reuters, a indiqué que l'IA rendrait le journalisme plus efficace en libérant les journalistes des "traductions et transcriptions de routine, afin qu'ils puissent passer plus de temps à dénicher des histoires qui comptent vraiment".

"Si l'IA est amenée à prendre une telle place dans nos vies, nous devons pouvoir faire confiance aux algorithmes, et savoir qu'ils sont construits à des fins bienveillantes et non malveillantes", a indiqué Mme Brooks dans une allocution prononcée samedi à l'ouverture du sommet et consacrée au thème de la "confiance".

En plus d'améliorer le rendement et l'efficacité, l'IA a apporté des avantages révolutionnaires, qui vont de l'optimisation de la segmentation de l'audience à des tâches d'analyses en profondeur.

L'attrait exercé par le progrès ne va cependant pas sans côté sombre. La diffusion de fausses nouvelles et de désinformation, les préoccupations liées à la protection de la propriété intellectuelle et les considérations éthiques en matière de journalisme doivent être prises en compte de manière appropriée, a-t-elle affirmé.

La secrétaire générale adjointe de l'ONU à la Communication globale, Melissa Fleming, a souligné dans un discours en ligne que l'IA pourrait bien exacerber certains problèmes, comme "la désinformation, les complots et la haine qui prolifèrent sur les réseaux sociaux", ou encore "la méfiance à l'égard des institutions publiques".

Le président et rédacteur en chef de Kyodo News, Toru Mizutani, a quant à lui mis en avant les défis liés à l'IA générative, comme les problèmes de droits d'auteur et les mesures à prendre contre les fausses nouvelles.

Michael Mainville, membre du comité exécutif de l'Agence France-Presse (AFP) et directeur régional Asie-Pacifique de l'AFP, a déclaré que l'AFP, en collaboration avec d'autres groupes de presse, avait élaboré la "Charte de Paris sur l'IA et le journalisme", qui définit dix principes d'utilisation de l'IA par les médias.

Lors d'une rencontre entre les dirigeants de l'agence Xinhua, de Reuters, d'AP et de l'AFP vendredi à Beijing, M. Mainville a souligné qu'il était "très important de discuter des principes sur lesquels nous nous baserons pour utiliser l'intelligence artificielle".

De même, AP a publié cette année une série de lignes directrices sur l'IA, spécifiant notamment quand et comment elle doit être utilisée. M. Chan a déclaré que les organisations médiatiques devaient travailler de manière concertée afin de promouvoir un cadre juridique garantissant que la propriété intellectuelle soit protégée et que les créateurs de contenu soient équitablement rémunérés pour leur travail.

Dans le même temps, les médias cherchent à renforcer leur coopération avec les sociétés d'IA et entre les organisations médiatiques dans le but de mieux saisir les opportunités et de relever les défis.

Thomson Reuters, un fournisseur mondial d'outils liés à l'actualité et à l'information, investit chaque année plus de 100 millions de dollars américains dans l'IA générative afin d'apprendre à exploiter le potentiel de cette technologie pour améliorer ses services, a indiqué Mme Brooks.

L'agence AP a quant à elle signé un accord de coopération avec OpenAI, la société qui a créé ChatGPT, pour explorer les applications potentielles des outils d'IA générative, a indiqué M. Chan lors du sommet.

Le directeur général de l'agence de presse TASS, Andreï Kondrachov, a appelé le prochain Sommet mondial des médias à se concentrer sur l'IA et à réfléchir collectivement à la manière d'exploiter au mieux l'IA pour promouvoir le développement de l'industrie des médias.

"Ne rien faire - attendre de voir comment cette technologie se développera - n'est tout simplement pas possible. Il est clair que nous devons agir, et que nous devons agir maintenant", a déclaré M. Chan.

Le cinquième Sommet mondial des médias est organisé par Xinhua du 2 au 8 décembre à Guangzhou, dans la province chinoise du Guangdong, et à Kunming, dans la province chinoise du Yunnan.

Il rassemble les représentants de quelque 200 médias grand public, groupes de réflexion, agences gouvernementales et organisations internationales venus de 101 pays et régions.

Organisé sur le thème "Renforcer la confiance mondiale, promouvoir le développement des médias", le sommet aborde des sujets comme le renforcement de la confiance du public dans les médias, la gestion des opportunités et des défis présentés par les nouvelles technologies, l'exploration des nouveaux marchés à l'ère numérique et la construction d'un avenir commun dans la coopération médiatique mondiale.