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Maison chinoise traditionnelle et superstitions

© Chine Informations - La Rédaction

Maison chinoise traditionnelle et superstitions

Inventaire d'une maison chinoise (superstitions)
Extrait de "Manuel des superstitions chinoises, ou Petit indicateur des superstitions les plus communes en Chine."
Par le P. Henri DORÉ, S. J. (1859-1931).
Diffusé par
chineancienne.fr sous license CC-by-nc-sa.

Tchao-pi-tsiang, le mur d'honneur.
Devant les pagodes, devant l'entrée principale des maisons, un mur d'honneur plus ou moins élevé est érigé en face de la porte, à une certaine distance. Un chiffre central sert d'ornement à cette construction. Ce chiffre est le plus souvent le caractère fou, bonheur. Mais on y voit aussi des emblèmes superstitieux, des bas‑reliefs ayant trait au bouddhisme et au taoïsme.

Che touo‑tse, ‘pierres en saillie' bornes.
De chaque côté de le porte on trouve deux pierres placées un peu comme des chasse‑roues, taillées et ornées de sculptures, che touo‑tse. On y voit :
a) Trois flèches, données jadis par un génie à Sié Jen‑koèi, et efficaces contre les démons.
b) Les deux caractères fou et koei, bonheur et richesse.
c) La grue sien‑ho, l'oiseau de la longévité.
d) Deux chevaux chargés de lingots d'or et d'argent, ma t'ouo yuen-pao
e) K'i-lin song‑tse, la licorne apportant un enfant.

La niche à côté de la porte.
Dans le mur à côté du jambage de la porte d'entrée, à environ trois pieds de hauteur, on voit quelquefois une petite excavation dans laquelle est placée la statue de Tien‑koan, l'Agent du Ciel, et cette inscription :
Tien‑koan se fou, Que l'Agent du Ciel nous accorde le bonheur !

Le cartouche au‑dessus de la porte.
a) Le caractère cheou, longévité, entre deux pi­voines, symbole de richesse.
b) Le même caractère cheou, entre deux chauves-­souris. Fou, chauve‑souris, est l'homophone de fou, bonheur.
c) Les huit insignes des Huit Immortels, savoir : flûte, sabre, éventail, panier de pêches, chasse‑mouches, gourde, fleur de lotus, plume de phénix. En termes techniques, ce décor s'appelle ngan-pa‑sien, les Huit Immortels occultes.
d) Les pa‑koa de Fou Hi, huit trigrammes.
e) Le t'ai-ki-t'ou, in yang, les deux principes, actif et passif.

Sur le toit de la maison. La logette de Wa tsiang‑kiun.
La statuette de ce génie est placée dans une niche ménagée sur le toit. Ce luxe est plus rare ! Assez peu sont dévots au Maréchal des tuiles. J'ai vu cependant près Chang‑hai, un païen, qui, pour contrebalancer l'influ­ence d'une maison à étage, construite en face de la sienne, a installé le Maréchal des tuiles, avec trois grosses bou­teilles en verre, figurant trois canons, et cela en l'an 1925.

L'orientation de la porte.
Dans les villages, oui voit fréquemment des portes posées obliquement et non en alignement avec le mur. Cette anomalie est inspirée par la superstition. On craint que les méchants koei et les influences néfastes entrent dans la demeure familiale : pour les arrêter, on ouvre la porte obliquement.

Le che kan‑tang, pierre préservatrice.
La pierre défensive contre les méchants Esprits, est plantée, devant la porte d'entrée des maisons, en face de la porte, Elle arrête à mi-route les lutins qui s'aviseraient d'entrer à la maison. On érige cette pierre pendant les douze jours qui suivent le solstice d'hiver.

La pierre fondamentale d'un édifice.
La première pierre d'une construction importante est taillée d'avance et on y grave les caractères Tai-chan, nom du Mont sacré de l'Est. Assise sur ce roc, la cons­truction n'aura rien à redouter.

L'inscription collée au‑dessus de la porte.
Des inscriptions superstitieuses comme la suivante :
‘Kiang T'ai-kong tsai ts'e, Kiang Tse‑ya est ici. C'est lui qui, d'après la légende, a canonisé tous les chen, donc il n'y a rien à redouter sous son égide. C'est au nouvel an surtout qu'on renouvelle ces inscriptions.

M'en tche‑t'iao‑tse, pendentifs (men‑t'ié, hi-ts'ien) 3.
Pendentifs en papier découpé suspendus au‑dessus des portes. Sur chacune de ces bandes rectangulaires, dont la partie inférieure se termine en franges, on écrit les caractères des Cinq bonheurs :
fou, lou, cheou, hi, ts'ai
bonheur, dignités, longévité, joie, richesse.

De là l'expression : ‘Ou fou lin men, Les Cinq bonheurs qui frappent à la porte'.
Quelquefois, les Esprits des Cinq bonheurs sont figurés et personnifiés sur ces banderoles.
On appelle ces banderoles hi-ts'ien, parce que le papier est découpé de manière à donner la figure d'une sapèque,

Fou, talismans préservateurs.
En temps d'épidémie, des talismans écrits sur papier rouge ou jaune, sont vendus dans les pagodes comme moyens efficaces de préservation contre les atteintes du cho­léra ou autres maladies. On les colle au‑dessus de la porte d'entrée.

Men‑chen, esprits gardiens des portes.
L'empereur T'ai Tsong, des T'ang (627‑650), pendant un accès de fièvre, crut voir en songe une troupe de diables. Ts'in Chou pao et Hou King‑té, deux grands fonctionnaires, revêtirent leur armure et montèrent la garde à la porte de l'empereur les nuits suivantes. Le monarque dormit en paix. Craignant de fatiguer ses fidèles serviteurs, il fit faire leur portrait ; le fit coller sur la porte de son appartement : les diables ne revinrent plus. La figure seule de ces valeureux guerriers suffit pour éloi­gner la meute tapageuse.
La coutume s'est introduite peu à peu dans les masses populaires. Les Chinois collent sur leurs portes, vers le nouvel an, deux images représentant les Esprits pro­tecteurs des portes, l'une sur l'un des battants, l'autre sur le second. Il y a les militaires et les lettrés, au choix.

La tête de fauve.
Au‑dessus de la fenêtre est placée une planchette où on a gravé une tête de fauve, tigre ou lion ; la partie su­périeure est ornée d'un trigramme.
Le but est d'effrayer les mauvais génies qui oseraient s'introduire par la fenêtre.

T'ien‑koan se fou.
Si cette tête de fauve effrayait les voisins, on pourrait leur demander l'autorisation d'appliquer sur leur mur, en face de la fenêtre ou de la porte, une tablette sur laquelle seraient gravés les caractères :
T'ien‑koan se fou, Que l'Agent du Ciel accorde le bonheur !

Le mât porte‑bonheur.
Si une habitation se croit menacée dans son fong‑choei, par un arbre élevé, par une tour, par une maison à étage..., les habitants plantent un mât élevé, en face de cet obstacle, pour conjurer la mauvaise influence.
A l'aide d'une poulie, ils hissent un drapeau pendant le jour, une lanterne pendant la nuit.
Sur la lanterne sont écrits les deux caractères ‘P'ing-­ngan, Paix et tranquillité'.

Deux couteaux enfouis sous les dalles.
En face de la porte d'entrée, deux couteaux ou deux sabres enfouis sous les dalles préserveront les habitants de la visite des brigands.

Un couteau et une mèche de cheveux.
Un couteau autour duquel on aura enroulé une mèche de cheveux préservera la famille de la pauvreté, et ainsi elle ne sera pas obligée de mettre ses enfants dans une pagode et de les contraindre à se faire bonzes. Ce couteau est enterré sous le seuil de la porte d'entrée.

Un fragment de bol et un bâtonnet.
Dans le mur, au‑dessus de la porte d'entrée. un frag­ment de bol et un bâtonnet forment un excellent préser­vatif contre la pauvreté et la mendicité.

Une tige de bois entourée d'une ficelle.
Prenez un morceau de bois, liez‑le avec une ficelle, cachez le tout dans le mur au‑dessus de la porte d'entrée. Jamais personne ne se pendra dans la famille, même s'il survient des disputes.

Les deux sapèques sur la poutre.
Deux sapèques posées sur les deux extrémités de la maîtresse poutre d'une maison, assureront la richesse aux propriétaires. Les caractères doivent être tournés vers le parquet.

Sept clous.
Sept clous liés ensemble et dissimulés dans un trou d'une des colonnes de la maison, assureront l'union des membres de la famille. S'ils étaient enlevés, un des mem­bres mourrait.

Un pinceau et un bâton d'encre.
Un pinceau et un bâton d'encre de Chine cachés dans les murs d'une nouvelle maison, donnent le gage assuré que la famille sera riche et aura des enfants lettrés.

Caractère tsieou.
Sur une des pièces de bois qui forment le seuil de la porte, est écrit le caractère tsieou, qui signifie ‘prisonnier'. Ce caractère est ensuite dissimulé dans l'un des joints ; s'il arrive des procès, aucun membre de la famille ne sera condamné à la prison.

Ornements du lit.

A. - Sur la frise composée de petits caissons sculptés, on voit représentés :
a) La licorne apportant un enfant .
b) Deux poissons dans un bol d'eau : riche à l'excès.
c) La corne d'abondance chinoise, tsiu pao‑pen, ou cassette aux trésors.
d) Houo Ho eul sien, union et concorde des deux époux présagée par ces deux Immortels.
e) Pa sien kouo hai, les Huit Immortels naviguant sur la mer.

B. - Des frises en broderie représentent des sujets plus ou moins superstitieux : bouddhas, symboles des Cinq bonheurs etc. Ces ornements, brodés sur soie, portent le nom généri­que de tchang yen‑tse.

Les chaises.
Le médaillon du dossier est une sorte d'écusson orné de figures symboliques, quelquefois superstitieuses : in yang, les huit trigrammes, des poussahs, des Immortels.

Les lanternes.
Les salons, les parloirs, sont ornés de lanternes de formes très variées, en verre, en corne, en gaze très fine ; toutes les scènes de la mythologie y sont représentées.
Souvent ces ornements artistiques n'entraînent aucune intention superstitieuse.

Les murs décorés d'images superstitieuses.
Aux murs sont suspendues des images de poussahs, des inscriptions (toei-tse) superstitieuses.

Le tchou‑t'ang.

Ainsi se nomme la grande image qui occupe la place d'honneur dans la pièce principale de la maison.

D'ordinaire, elle représente des dieux ou génies par­ticulièrement vénérés par la famille. Ainsi les militaires exposeront Koan‑kong, le dieu de la guerre, Yo F'ei, son pendant.

Les lettrés préféreront Wen‑tch'ang, ou Koei Sing, ou Liu Tong‑pin.

Les gens du peuple honoreront plutôt :
- Ts'ai-chen, le dieu de la richesse.
- Fou, Lou, Cheou san Sing, les trois Esprits du bonheur, de la fortune et de la longévité.
- La déesse Koan‑in, Kiang Tse ya, etc.

La tablette des ancêtres.
Cette tablette est toujours placée à la place d'honneur avec le tchong‑t'ang. C'est l'article essentiel de l'autel familial.

Hiang‑tou, brûle‑encens.
Le brûle‑parfums est placé devant la tablette des ancêtres ; on y allume des bâtonnets d'encens, piqués dans la cendre d'encens, le 1er et le 15 de la lune, ou dans toutes les cérémonies où se manifeste l'idée religieuse.

Les deux chandeliers avec bougies.
Placés de chaque côté du brûle‑encens, bougies et chandeliers sont fréquemment couverts d'emblèmes super­stitieux.

Le kia-t'ang.
Temple familial où sont vénérés les dieux lares, protecteurs de la famille et tout particulièrement choyés.

Ou tse p'ai.
Quelquefois, à la place du tchong‑t'ang, les païens exposent un rouleau de papier sur lequel sont écrits les cinq grands caractères :
T'ien, ti, kiun, ts'in, che, Ciel, terre, souverain, parents, maîtres.
C'est une imitation des Cinq relations confucéistes, ou luen.
Ces Cinq relations contiennent une apparence des Commandements de Dieu, dont on aurait retranché la tête, Dieu, et les pieds, le prochain. Sans amour de Dieu, sans amour du prochain ; à part cela tout est bien !

Le Tsao‑kiun, dieu de l'âtre, ou dieu du fourneau.

Ce culte fut mis en honneur en Chine par l'empereur Han Ou‑ti (140‑86 av. J.‑C.). Ce monarque crédule, cédant aux instances du tao‑che Li Chao‑kiun, s'adonna au culte du dieu du foyer dans l'espoir de prolonger sa vie. Depuis lors, la pratique s'introduisit dans les usages du peuple, et joua un grand rôle dans les familles païennes.

De nombreuses prescriptions règlent ce culte. Cha­que année, le Tsao‑kiun va rendre compte fidèle à Chang-­ti de tout ce dont il a été le témoin dans la famille : fautes et mérites.

A son départ pour le ciel, le 23 ou le 21 de la XIIe lune, les gens lui préparent un goûter et abreuvent son cheval.

La veille du 1er de l'an, au soir, on colle son image sur le fourneau, et on va le recevoir en grande pompe à son retour du ciel. Le départ se nomme song Tsao. Le retour s'appelle tsié Tsao. Cette coutume est à peu près universelle en Chine.

Armes dessinées à la chaux.
Sur les murs des maisons païennes, on voit fréquem­ment des armes : sabres, hallebardes etc. dessinées à la chaux, spécialement près des portes et des fenêtres, à l'extérieur.
Le but est d'effrayer les mauvais diables. L'origine daterait, dit‑on, du règne de Chao Hao (2597-2514 av. J.‑C.).
Cette recette lui aurait été apportée par une déesse, Yu‑tchen niang‑tse.

Talismans suspendus aux poutres.
Quantité d'amulettes ou de talismans sont, ou collés sur les poutres, ou suspendus dans la demeure des païens, soit contre les épidémies, soit à l'occasion des principaux tsié de l'année chinoise ; par exemple : le 5 de la Ve lune, où s'affichent les images des Cinq venimeux ; au nouvel an, où l'on suspend aux portes des tiges de sésame, des branches de cyprès etc.
Le tch‑ang‑p'ou ts'ao et le ngai sont aussi des talismans puissants. Le tch'ang-p'ou tsao est un jonc, Acorus gramineus ou Acorus calamus. Le ngai est l'armoise.

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