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"façons de dire, façons de faire"


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20/01/2010 à 19:26 - "façons de dire, façons de faire"
J'emprunte le titre du beau livre d'Yvonne Verdier, "Façons de dire, façons de faire" (un livre consacré à la culture traditionnelle en Bourgogne), pour ce nouveau sujet.

Je viens, comme chaque jour, de regarder un épisode du feuilleton de CCTV et je remarque qu'un père de famille reprend sa fille, âgée d'environ 18-20 ans, parce qu'elle lui dit "tu es adorable". Il la rappelle à la "bienséance", et lui dit qu'elle ne peut pas lui parler ainsi parce qu'il est son père. La jeune fille, qui a fait des études universitaires, lui reproche alors de réagir en "paysan" .
Nouvelle incartade linguistique, la jeune fille ose appeler une femme d'une quarantaine d'années, étrangère au village et qui se trouve être la maîtresse de son père (veuf) "par son nom complet". Son père lui dit que cela est "inconvenant"....

Quelqu'un peut-il nous expliquer quelles sont les règles de la bienséance entre père et fille d'une part, entre jeunes et adultes d'autre part dans le monde paysan (si tant est que ces règles soient identiques partout en Chine) et en quoi le monde moderne, le monde la ville, a rompu avec elles.

Je m'étonne aussi des rapports verbaux entre mari et femme. Beaucoup d'insultes, de malédictions (allant jusqu'à souhaiter la mort de l'autre) et des mots d'adresse qui me paraissent dénués de tendresse : "ma vieille" ou "mon vieux". Est-ce courant ? J'entends rarement des "mon chéri" et encore moins des "mon amour" ; cela ne m'étonne pas, du fait de la pudeur chinoise, mais je suis d'autant plus surprise de la crudité des propos conjugaux.

Voilà pour les "façons de dire". Quant aux "façons de faire" (différentes du langage et de la gestuelle du corps, auxquels je m'intéresse beaucoup aussi), j'en prendrai pour exemple la curieuse manière dont les personnages des téléfilms se comportent avec la nourriture. Ils parlent souvent la bouche pleine (vraiment très pleine !), postillonnant alors abondamment ce qu'ils sont en train de mâcher. La bienséance autorise-t-elle ces comportements dans tous les milieux ou à peu près ?

Merci d'avance à ceux qui pourront éclairer ma lanterne !
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22/01/2010 à 06:16 - Tabous linguistiques et déclamation publique
Le nouvel épisode d'Eaux claires sous un ciel bleu confirme ce que je disais dans mon message précédent. Le père dit explicitement cette fois que pour lui le mot « adorable » entre un père et sa fille (ou plutôt dit par une fille à son père) est « tabou ». Interdit de l'inceste au niveau linguistique ?

On apprend aussi dans cet épisode (N°4) que le même personnage a écrit une lettre d'amour à une de ses camarades de classe qui a été obligée de changer de nom et de changer de lycée pour échapper à la honte vingt ans plus tôt (l'histoire est censée se passer de nos jours). Quant à lui, il a été contraint d'abandonner le lycée 3 jours avant l'obtention de son diplôme d'entrée à l'université pour l'avoir écrite et est donc redevenu simple paysan.

L'épisode précédent confirme enfin l'existence d'un code très précis de prononciation dans l'oral public sur lequel je m'interrogeais il y a quelque temps. Le personnage principal, chef de son village, dit qu'il doit « déclamer » son autocritique pour avoir provoqué une intoxication alimentaire de la population au cours d'un banquet.

Connaissez-vous d'autres tabous linguistiques et d'autres conventions de diction ? Pouvez-vous éclairer le sens de ceux dont je parle ici ?
Merci d'avance pour vos réponses !


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25/01/2010 à 19:31 - Coutumes étonnantes
D'autres coutumes étonnantes apparaissent dans le feuilleton dont je vous parle depuis quelques jours.

La "maîtresse de maison", recevant des invités de marque (en l'occurrence le chef de Canton), ne doit pas s'asseoir à table avec eux. Un des cadres du Parti proteste vigoureusement contre cette discrimination insupportable à l'encontre des femmes mais, pour les villageois, la coutume est plus forte que la doctrine du Parti.

Plus étonnant encore, les fiançailles d'enfants semblent perdurer dans cette province qui pourrait être le Guangxi (mais je n'en suis pas certaine). Là encore, le Parti ne cautionne pas ce genre de pratique mais le fiancé éconduit tente néanmoins de faire valoir la coutume contre la loi.

Savez-vous si ce genre de choses se rencontre encore de manière fréquente dans la paysannerie chinoise ? dans les minorités ? un peu partout ? En tout cas, tout le monde en Chine ne vit pas à l'heure de l'Exposition Universelle de Shanghai...

Dernière édition : 26/01/2010 07h04

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26/01/2010 à 01:39 - "façons de dire, façons de faire"
Je ne sais si l'on peut parler de coutumes quant à l'éviction de la "maîtresse de maison" lors d'un repas ...Le mari est un véritable tyran domestique, qui frappe femme et enfant , ne s'occupe pas d'eux, exige que les taches ménagères soient faites sans jamais participer ...Un macho qui méprise sa femme , en s'appuyant sur de soi disantes coutumes familiales ou paysannes ...Dans l'épisode 9, il conseille d'ailleurs à son frère de "mater" sa petite amie et de la soumettre afin qu'elle ne nuise pas à sa propre entreprise ...
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Xian
26/01/2010 à 02:28 - De la fiction à la réalité ....
bonjour ,
@Laoshi et Michelem ,

J'ai l'impression que votre feuilleton sur CCTV sur les us et coutumes paysannes est un cliché organisé d'après les fantasmes du metteur en scène (qui doit être un homme sans doute).

En Chine, et à défaut de me faire contredire, c'est la femme "qui porte la culotte" aussi faible et petite soit-elle.
A la campagne, elle tient comme en ville, les cordons de la bourse du foyer puisqu'elle est en charge de sa gestion alors même que son homme travaille dur dans les champs.

Je pense que cette fiction n'est pas juste et semble influencer la juste réalité des choses.

de la fiction à la réalité ....il faut toujours en prendre et en laisser,n'est ce pas.....

Dernière édition : 26/01/2010 02h28

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26/01/2010 à 17:58 - Clichés ?
Il n'est pas question, évidemment, de prendre un feuilleton pour argent comptant, Tintin ! Je n'aurais pas cette naïveté... le regard que porte le réalisateur citadin sur le monde paysan est certainement très peu réaliste et emprunt de bien des préjugés mais les spectateurs ne sont pas tous des citadins en Chine, ils appartiennent aussi au monde rural. Bien que les personnages soient souvent caricaturaux, je crois donc qu'il faut quand même que la représentation de la vie paysanne ait un minimum de rapport avec la réalité pour que les spectateurs du monde rural acceptent de se voir à travers une telle fiction ; en ce sens, les feuilletons, quelque médiocres qu'ils soient, sont un prisme (déformant mais très révélateur) pour découvrir une société.

C'est justement parce que les coutumes évoquées (fiançailles des enfants par les parents, tabous sur les noms propres et sur les mots d'amour, statut de l'épouse) me semblent surannées et sont effectivement rejetées comme telles par les citadins de la fiction (fille allant à l'université, cadres du Parti), que je demande à ceux qui auraient la chance de connaître un peu la vie paysanne chinoise de nous les commenter.

Concernant l'interdit pour l'épouse de s'asseoir à table en présence d'invités de marque, bien des coutumes du même type existaient en France et restaient très présentes dans l'imaginaire lorsque j'étais enfant. Les hommes en parlaient sur le ton de la plaisanterie comme pour souligner la grande générosité qu'ils avaient eux-mêmes à traiter désormais leurs épouses en égales, dignes de partager leur repas.

Quant au mari chef d'entreprise, Michelem, je constate à regret qu'il pourrait très bien être français ! Beaucoup d'élèves me disent encore que leur père ne fait strictement rien à la maison au nom du partage traditionnel des tâches et beaucoup de garçons considèrent encore qu'il est parfaitement normal que les petites filles reçoivent à Noël des panoplies de ménagère avec serpillère, torchon à poussière, balai, etc. (regardez n'importe quel catalogue de jouets) tandis que les petits garçons ont la chance de découvrir le monde à travers des jeux de construction ou autre jeu créatif !

Je ne connais pas assez la société chinoise pour réfuter l'affirmation selon laquelle « c'est la femme "qui porte la culotte" aussi faible et petite soit-elle » mais j'ai quand même quelques doutes concernant la répartition des tâches à la campagne. A vous entendre, Tintin, la femme tiendrait les « les cordons de la bourse » tandis que « son homme travaille dur dans les champs ». A en croire tous les reportages et tous les documents que j'ai pu voir ou lire sur la société paysanne, à en croire aussi le peu que j'ai pu voir en Chine même, les femmes travaillent aux champs aussi dur que les hommes ! Qu'elles gèrent le budget familial, comme vous le dites, ne signifie pas en tout cas qu'elles se dorlotent à la maison pendant que leur époux s'échine au travail ! Et le travail domestique, la cuisine, le ménage, la vaisselle, l'éducation des enfants, etc. continue probablement à leur incomber en grande partie, leur laissant sans doute moins de loisirs encore qu'aux hommes harassés, comme elles le sont aussi, par les travaux des champs. Comme disent encore aujourd'hui les Vosgiens lorsqu'ils quittent la table des repas de fête en laissant sans vergogne la vaisselle et le reste à leurs épouses, « les femmes au boulot, les hommes au bistrot » ! Mais il est vrai qu'ils ne sont pas chinois !


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26/01/2010 à 19:17 - "façons de dire, façons de faire"
Tintin, avez-vous le temps de suivre des feuilletons Chinois ???
Ils permettent, comme le dit Laoshi, de saisir,d'expliquer, de mettre en valeur ou de critiquer des faits de société, au travers de fictions (je sais que ce ne sont pas des documentaires !!!) .Les feuilletons Chinois que j'ai vu jusqu'à présent ,s'ils ne sont pas des chefs d'oeuvre cinématographiques, me semblent exister pour "éduquer" et pointer du doigt des erreurs corrigibles de façon individuelle ou avec l'aide de la société.Celui que nous regardons en ce moment aborde plusieurs problèmes (et cela prouve que les Chinois en ont conscience) Tout d'abord la pollution de l'eau causée par une entreprise, ensuite la corruption et les pots de vin versés, ou l'intimidation et le chantage exercés pour étouffer ce problème de pollution, enfin les rapports ville/campagne,homme/femme,père /fille. C'est assez caricatural, mais je pense que le but est d'être facilement compréhensible, par un maximum de personnes.Même s'il se déroule à la campagne, on ne voit pas de travaux des champs puisqu'il est dit que la majorité du village travaille à l'usine...Le droit des femmes est par contre evoqué à plusieurs reprises ...Ce qui est assez inquiétant d'ailleurs , car on pourrait penser que dans des endroits reculé, les traditions et les coutumes sont encore bien présentes.Dans ce feuilleton, la "maîtresse de maison",qui regrette de n'avoir aucun statut social, ne tient en tout cas pas les cordons de la bourse, elle se plaint même souvent de la pingrerie de son mari !!!
Je ne pense pas que ces comportements soient spécifiques à la Chine, ils se rapprochent beaucoup , comme le dit Laoshi, de ce que l'on peut voir aussi chez nous ...J'aimerais, moi aussi, savoir s'ils sont exceptionnels ou encore si communs qu'il faut les montrer du doigt au travers d'une fiction afin de mieux les éradiquer ...



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Changshu
26/01/2010 à 23:04 - "façons de dire, façons de faire"
TINTIN 66 a écrit :

En Chine, et à défaut de me faire contredire, c'est la femme "qui porte la culotte" aussi faible et petite soit-elle.
A la campagne, elle tient comme en ville, les cordons de la bourse du foyer puisqu'elle est en charge de sa gestion alors même que son homme travaille dur dans les champs.


Je connais des couples chinois ou le mari donne tout son salaire à sa femme et c'est elle qui gère tout et je connais d'autres couples ou le mari donne un peu d'argent à la femme pour faire les courses et c'est lui qui gère le reste. Je pense que la Chine c'est comme beaucoup d'autres pays on trouve toute les situations. Je ne pense pas que le cliché de la femme qui porte la culotte soit complètement juste.
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Xian
27/01/2010 à 02:50 - La vie est un grand ecran ou nos yeux ...
@Laoshi et Michelem,
mon propos n'était pas de mettre en exergue votre féminisme ou déclencher une révolution sociale d'idées.
Je parle de ce que j'observe voila tout.
Et il est vrai que la femme chinoise (paysanne ou pas) a plusieurs cordes a son arc,travaillant souvent plus que l'homme (d'ou mon observation de "porter la culotte") et c'est aussi pour cela qu'en cas de séparation, les enfants et la maison lui sont confiés...ce n'est qu'un "juste" retour des choses...
Quant aux feuilletons, entre pleurs, cris et grincements de dents, je préfère me contenter des fictions médiévales et vivre la réalité familiale sur place.
Comme vous le sous-entendez, on ne peut pas tout savoir et encore moins être "juge et partie"....

La vie est un grand écran ou nos yeux sont des objectifs tantôt grand angle ,tantôt macro, mais toujours télé chez les autres....

Dernière édition : 27/01/2010 02h52

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27/01/2010 à 10:39 - Clarification
Je ne connais pas assez la société chinoise pour réfuter l'affirmation selon laquelle « c'est la femme "qui porte la culotte" aussi faible et petite soit-elle ».
Il faut préciser qu'il s'agit ici de la force et de la taille de la femme et non pas de celles de sa culotte.

Ceci dit, les feuilletons sont très instructifs comme vous le pensez. Mais peut-être davantage sur ce que rêvent les gens que sur ce qu'ils vivent réellement. Il ne faut sans doute pas oublier que les chinois rêvent de modernisation à la mode des Etats-Unis et qu'il faut interpréter les messages des feuilletons comme intermédiaires entre Chine et USA plutôt que comme interprétation d'une réalité concrètement vécue.

Bien amicalement




La Chine 中国 (Zhongguó), pays de l'Asie orientale, est le sujet principal abordé sur CHINE INFORMATIONS (autrement appelé "CHINE INFOS") ; ce guide en ligne est mis à jour pour et par des passionnés depuis 2001. Cependant, les autres pays d'Asie du sud-est ne sont pas oubliés avec en outre le Japon, la Corée, l'Inde, le Vietnam, la Mongolie, la Malaisie, ou la Thailande.